- Voici l'histoire de cette statue...
- Le 18 mars 1970, le parlement khmer prononçe la destitution du prince Sihanouk. Le nouveau régime du général Lon Nol est reconnu immédiatement par les Etats-Unis qui voient en lui un allié pour combattre les soldats Nord-Vietnamiens et les vietcongs. De fait, le nouveau gouvernement ordonne aux communistes vietnamiens, répandus sur le territoire du Cambodge, de quitter le pays dans les 72 heures. En réponse, les communistes quittent leurs sanctuaires et envahissent les campagnes khmères, arborant le macaron de Sihanouk à la boutonnière. Ils font écouter aux paysans l'appel de Sihanouk à prendre le maquis et à renverser l'usurpateur. En réaction, Lon Nol attise la haine séculaire des Khmers envers les Vietnamiens. Des slogans s'affichent sur les murs : "Kap Yuon !" (tuer les Viets). Plusieurs villages où habitent des Vietnamiens sont pillés ; toutes les églises catholiques sont perquisitionnées, les autorités locales étant persuadées qu'il s'agit de caches et de dépôts de munitions des vietcongs. Les églises de province sont rasées par l'aviation cambodgienne. Le 19 avril, le ministère de l'Education nationale ordonne la fermeture de "toutes les écoles étrangères, chinoises, vietnamiennes et missionnaires".
- La haine raciale dégénère rapidement en pogroms.
- Le 10 avril, à Prasaut (province de Svay Rieng) environ 150 civils vietnamiens, hommes, femmes et enfants, sont parqués entre des barbelés et mitraillés par l'armée cambodgienne.
- Le 12 avril, les rafles de Vietnamiens commencent. Tous les hommes du village de Chruy Changvar (la presqu'île située en face de Phnom Penh) sont embarqués dans des barges. Ils sont ensuite attachés puis fusillés par groupes de dix, jusqu'au dernier. Les milliers de cadavres flottent sur le Mékong à la hauteur du bac de Néak Luong. Les femmes et les jeunes filles restées sans défense à Chruy Changvar sont violées.
- Le 15 avril, suite à une attaque vietcong sur Takeo, environ 250 civils vietnamiens sont massacrés sur la place du marché.
- Le 23 mai, à Saang, Sosthène Fernandez, général en chef de l'armée khmère, utilise une centaine d'otages vietnamiens comme bouclier humain entre son armée et celle des vietcongs.
- A Kompong Cham, les Vietnamiens sont rassemblés au stade sous surveillance militaire.
- Il y a plusieurs hypotheses sur l'origine exacte de la statue de Notre-Dame du Mekong :
- Premiere version. Il y avait une eglise dans la region d'Arey Ksaych, d'ou pourrait provenir la statue.
- Deuxieme version : Le Père François Ponchaud, des Missions étrangères de Paris, affrète en mai 1970 deux bateaux pour sauver les chrétiens vietnamiens des villages de Chi Hé, de Peam et de Pka Mrech (environ 200 personnes, 100 sur chaque bateau) et les amener à Kompong Cham. Les villageois avaient emporté avec eux plusieurs lourdes statues de bronze. Avant d'arriver à Kompong Cham, pour alléger les fugitifs et leur éviter de s'exposer à des risques supplémentaires pour empêcher que les statues ne soient profanées, François Ponchaud jette celles-ci dans le Mékong. Il est possible qu'une des statues ait ete entrainee par le courant et qu'elle soit celle qui a ete retrouvee par les Chams.
- Troisieme version (moins plausible) : la statue viendrait de la cathedrale de Phnom Penh.
- Le 10 mai 1970, une armada de bateaux et de chaloupes remonte le Mékong du Vietnam jusqu'à Kompong Cham pour embarquer les Vietnamiens parqués dans le stade puis, au retour, une partie de ceux internés à Phnom Penh. Le rapatriement de la communauté vietnamienne du Cambodge s'échelonne jusqu'au 15 août 1970, date de clôture officielle des opérations.
- Aujourd'hui, Arei Ksaych est en train de devenir un lieu de pélerinage assez fréquenté par les chrétiens du Cambodge.
Autres photos de Notre-Dame-du Mékong.
Photos de la visite du Père Ponchaud à Arei Khsaych, le 19 juin 2008.
